« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

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1 - CHEMIN SANS FIN

 

elle me manque beaucoup l’ombre

de l’été, enfant : un lé-

zard, le voilà sous la pierre

qui est encore chaude. Je pense aussi

à la mousse, aux ruines, et pourtant

tout se passa maintenant : les chemins

étaient-là, nuance du feuillage.

et sans fin, parce qu’ils n’avaient pas

de but et ne disparurent qu’alors

 

 

2 - ÉTOURNEAU ÉTOURDI

 

le constant déplacement des soldats

de plomb, leurs tournois, qui

tournent en rond, un rond qui se fige.

L’avancée se fait plus tard, avec des pièces

de jeu d’échec : des tours qui évacuent

                                                                les

cases blanches, l’hiver derrière la

fenêtre contre laquelle les oiseaux chanteurs s’é-

crasent. Étourdis désormais eux aussi

 

 

3 - LA LUMIÈRE FROIDE

 

un étonnement devant les traces,

la proximité de l’animal. Arrêt,

pendant que continue la cour-

se dans la neige crissante qui relie

tout, sa lumière qui est froide : tête

accomplie sans bruit.

Pour ça il y a des pistes, des luges

l’entraînement ; une descente de plus

en plus rapide dans l’air tranchant

Dieter M. Gräf / publié dans la revue « Inuit dans la jungle » numéro 2
traduit de l’allemand par Jean Portante