Tombeau d’Euclide
Par domcorrieras, le mercredi 13 décembre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
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Tombeau d’Euclide.
Celui qui parle en étant mort
n’a plus le souci d’un interlocuteur.
Il est avéré que le temps n’est rien sans
la lumière. Il est avéré, sur une éta-
gère voisine (étagère n°34) que la lu-
mière et le temps ne sont rien sans
la parole.
Se poser la question d’un rien sans la parole et
de comment il fait sens.
J’ai perdu, autrefois, mon passé dans
un dé à coudre. J’avais à tisser les vête-
ments de toute une vie. Tissant, je ra-
contais ma vie. Je suis mort avant de
commencer à vivre. L’avenir est tout ce
qui n’est pas au fond de ce dé à coudre.
(Dé n° 33.)
Il joue avec des objets qui, à peine utilisés, déjà
n’existent plus. La durée de vie d’un objet dépend
plus de son usage que de sa réalité physique.
Enterré avec un dé au bout de chaque doigt.
Je remercie (32 fois) celui qui parle
pour moi. Je lui fais mes adieux. je le
remercie encore quand mes bras — dé-
crochés des épaules — débités en frag-
ments — calligraphient dans l’espace
une histoire démembrée.
Réceptacle des fragments perdus.
Le passé brille dans l’avenir comme
un rayon de soleil au fond d’un puits.
Je survis tous les jours le temps d’un
rayon de soleil au fond d’un puits. Je
compte les (31) rayons capitalisés dans
chaque œil.
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Patrick Dubost / Tombeaux perdus (extrait)