« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

QUAND J’ÉTAIS UN ENFANT


 

 

 

 

Quand j’étais un enfant

Un dieu souvent me retirait

Des cris et du fouet des hommes.

Je m’amusais alors en sûreté

Et bien avec les fleurs du bois,

Et les brises menues du ciel

S’amusaient avec moi.

 

Et tel tu réjouis

Les plantes jusqu’au cœur

Quand elles tendent vers toi

Leurs bras si tendres,

 

Tel dans mon cœur tu fis

Entrer la joie, Hélios paternel !

Et tout comme Endymion

Je fus ton préféré, lune sacrée !

 

O vous les dieux ! vous tous

Amicaux et fidèles,

Si vous saviez combien

Mon âme vous aima !

 

Dans ce temps il est vrai, je vous appelais

Pas encore par votre nom, ni vous non plus

Ne me nommiez jamais, ainsi qu’entre eux les hommes

Comme s’ils se connaissaient, se nomment.

 

Pourtant je vous connaissais mieux

Que je n’ai jamais fait des hommes,

Le calme de l’Éther je l’ai compris,

Jamais je n’ai compris le langage des hommes.

 

C’est l’harmonie qui m’éduqua,

Du frissonnant feuillage,

Et d’aimer je me suis

Instruit parmi les fleurs.

 

C’est dans les bras des dieux que j’ai fait ma

                                         croissance.

Friedrich Hölderlin / Hymnes, Élégies et autres poèmes
traduit de l’allemand par Armel Guerne