« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

VIVRE LE MOMENT


 

 

 

 

Dis-moi toi la frangée

L’étrangère aux baisers de varappe

Quand renverseras-tu les hérissements d’antennes

impuissantes plantées dans la croyance de tes lois

Quand disloqueras-tu l’absurdité de tes dédales

par des crépitations de forages amoureux

quand feras-tu de tes combes érodées un hâvre

d’impatientes frégates

 

Dis-moi toi la cariée

L’éteinte

La périssable

La bonasse

Quand accepteras-tu de couper tes ailerons de

boudoir qui ressemblent au matin à des chiffons

mal visités

Le soir à d’errantes antiquailles…

 

Belle

Ma belle

Viens vers mon ivresse originelle

Toi la méconnue des archets exaltants

Ensemble nous écoulerons sur le marché des

basses-cours tes fiancés de gloriette

 

Je deviendrai l’architecte de ta vigne odorante

Et nous constellerons tes faubourgs défaillants

de frôlements adultères

Ton seuil de fêlure hivernale mettra des châines

aux porteurs de ses plaintes

Des roues zélées sous la semelle de tes hésitations

 

Tes seins sans capes deviendront un hôtel pour

cigales

Nous serons le pourtour et le dedans

La contrée des feux d’artifice sans Avoir d’âges

Les illuminations visibles de tous

Nous aurons des enfants sans barrages

Montés d’affection comme des symphonies

 

Nous serons les irréversibles aliénés de la beauté

Les droites

La cassure des obliques

Les courbes lancinantes du dernier tremblement

des fous

Et nous vivrons chaque moment

Couchés assis debout

Mais nous vivrons LE MOMENT

C’est tout.

Alphonse Pensa / Les cathédrales en flammes