ville ville enfermée dans ses briques
Par domcorrieras, le mercredi 1 novembre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
I
ville ville enfermée dans ses briques
et ses usines du siècle dix-neuvième
immensité de plate-formes goudronnées
derrière des frontons mornement décorés
c’était le ghetto noir au nord du centre
vaste étendue de maisons qui se touchent
et se regardent avec un air de crasse et de misère
et des arrières sans jardin
une immobilité de rancœur et de faim
la ville est envahie de ces gens aux figures
enduites de cirage où l’on croit voir
tour à tour la bonté la haine
s’échanger se confondre
à Marketstreet on est au bord
d’où les rats blancs sont encor tolérés
sans cesse on vous appelle
pour vous filer des contrebandes
dans le froid de novembre tout ça est triste et fort
comme les yeux du jeune boutonneux
que j’ai vu circuler sans un radis en poche
regardant partout des bonheurs miteux
de la cacaille en grands monceaux
de la porno qui tait son nom
des gadgets en plastique des revues des chromos
qui vous feraient vomir s’ils n’étaient pas si ridicules
ici commence le ghetto dont on n’a pas idée
la vérité d’un peuple américain
qui pendant tout l’hiver devra souffrir du froid
et manger dieu sait quoi pour apaiser sa faim
William Cliff / Philadelphia (extrait)