« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’opium du peuple


 

 

 

Faites des enfants qu’ils disent

Mais les riches s’accoutument bien

De ces homuncules qu’ils n’élèvent pas

Ceux qui sont là par dessus tout

Pour prolonger leur race et leur pouvoir

Il a fallu mettre à tout prix

Dans la cervelle des pauvres

Cette idée de l’amour automatique

Pour ce qui est petit et sans défense

Ceux qui vivent mal avec

Eh bien ils coulent

Ne font pas de vieux os

Et les autres qui réussissent

N’ont plus besoin que de petits corps

A parfaire

Mais les riches n’ont pas de honte

A ne pas avoir la fibre

Les magazines leur pardonnent

Leur gourmandise

A vouloir rester presque jeunes et beaux

Egoïstes et fiers de l’être

Tandis que les cervelles disponibles

Pédalent la semaine

Avec leurs idées de péché

Patinent à reprendre

Le cours normal de leur envasemant

Encore heureux que les poètes du dimanche

Ont assez de vertu

Pour trouver les vies nouvelles belles

Et ça continue comme ça

Pour le bonheur de quelques uns

Qui seul est facile

Patrice Maltaverne / LA PARTIE RIANTE DES AFFREUX
(Patrice Maltaverne et Fabrice Marzuolo). Editions Le Citron noir