« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

COUCHER


 

 

 

 

Je viendrais me coucher, en nomade de l’amour,

dans ma chambre embaumée par des arômes doux.

Seul, devant le poste de télévision,

un joint dans la bouche, les deux mains au menton.

Je penserais à des vers que je n’écrirai jamais,

car, happés par les noires sangsues de l’oubli,

dans les sombres méandres de mon esprit,

ils s’évanouiraient.

Tel un phoque apathique,

je resterais là, des heures durant,

à écouter les stupides répliques

des téléfilms ennuyants.

Et puis, une fois lassé de cette molle béatitude,

j’irais me coucher tranquillement,

en attendant patiemment le prélude

du spectacle d’un soleil levant.

José-Simon Narvaez / L’homme mobile