« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LXVI


 

 

 

 

L’ascète teint ses vêtements au lieu de teindre

son âme des couleurs de l’amour.

    Il reste assis dans le temple, abandonnant

Brahma pour adorer une pierre ;

    Il se perce les oreilles ; il porte une longue 

barbe et des guenilles sordides ; il ressemble à un

bouc.

    Il marche dans le désert, tuant en lui le désir et

il devient semblable à l’eunuque.

    Il se tond la tête et teint ses vêtements ; il lit la 

Gita et devient un grand bavard.

    Kabïr dit : « Toi qui agis comme lui, tu vas aux

portes de la mort, pieds et mains liés. » —

Kabïr / Poèmes
traduit par Henriette Mirabaud-Thorens