« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

issinakimourupaçavéku


 

 

 

 

Quelle trace tu laisses quand tu passes

même une fois

quelle trace tu laisses sur un banc de

café

qui t’assied chaque matin

quelle empreinte dans la pluie

quel souffle dans l’air

quel poids sur le bitume

quels visages empreintés

quels reflets dans les vitrines

quel bruit sur trottoir

quelle plume as-tu perdue

combien de pas d’ici à là

qui t’a vu passer

qui te verra venir

quels talons quelles courses

que perdras-tu de toi

que trouveras-tu de toi

qui rencontres-tu

où t’arrêtes-tu

où vas-tu chaque jour

où iras-tu ce jour-là

où allons-nous

d’où sortiras-tu

reviendras-tu

quelle fleur à ta boutonnière

quelle chanson à ta bouche

qui embrasse qui

qui passe le plus les hommes les

femmes les enfants

qui marche le plus sur trottoirs

qui traverse sur passages

qui marche à côté

qui attend que le feu soit vert pour

piétons

qui n’attend pas

qui peau cible danseur de tes possibles

quel cri troue la nuit

qui crache sur qui

qui crache par terre

qui marche et tombe d’un seul coup

tombe

qui suspend sa route à quel corps

couché par terre

quels deux ici s’arrpêtent

pour vertige bouche à bouche

quel cœur est mon tambour

quels regards quels corps se touchent

et se perdent

quel amour tant d’amour avons-nous

besoin pour passer

qui ici ferme yeux qui les ouvre première

fois

qui t’harangue

qui te guette

qui t’insultes

qui t’aime à sa fenêtre

qui tu aimes à sa fenêtre

quelles lumières sommes-nous de notre

propre nuit

quelle jupe tu portes

quelles chaussures quel bonnet quel

silence

quel masque quel voile cache qui

qui j’oublie qui

qui joue musique à sa fenêtre

qui laisse papier à terre

qui ramasse quoi

qui sort de voiture parquée

qui prend voiture

qui prend bus et descend

qui court dans la rue

pourquoi tu cours

comment tu passes

fais-tu un détour

rends-tu visite

troues-tu ta chaussette au clou de ton

plancher

qui passe derrière les murs

tandis que je marche dans rue

quelle tête dort à côté de la mienne

autre côté du mur et qui ne le sait pas

es-tu là en secret

né quand mort quand

quand tu mourras

quand tu naîtras

quand tu es né

qui sait qu’ici tu passes

quelle main tient ta main

quelle main tient rien tient plus à rien

combien sur ce pavé de pieds déjà

passés

combien encore y passeront

 

la pluie

lave

nos vies

Laurence Vielle in REVU la Revue, N° 3
voir ici : http://revularevue.wixsite.com/revu/blabla