« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Dans le métro


 

 

 

 

Dans le métro, un type porte un bracelet en caoutchouc bleu sur lequel est inscrit : « C’est moi qui décide ». Comme pour les volcans, tout ce qui sort à l’extérieur renseigne sur l’intérieur.

 

Un peu de sa chaleur est restée sur son siège quand il s’est levé.

 

Le bracelet en caoutchouc bleu n’indique pas le nom de ce type. HX-1 pourrait convenir. Chacun est une sorte de prototype.

 

Ce chauffeur, lui, renseigne chaque passager qui monte dans l’autobus avec un compteur manuel. Sans doute va-t-on regarder comment ce nombre varie d’un jour à l’autre. Puis on calculera le nombre de passagers en moyenne, puis les écarts à cette valeur moyenne. Peut-être combinera-t-on aussi ce nombre avec l’heure de la journée. La théorie émerge peu à peu de la vie quotidienne.

 

L’univers a ses constantes : la vitesse de la lumière, la taille des quanta, le zéro absolu. La vie quotidienne aussi : la taille de la lune dans le ciel, les cloches qui sonnent à dix heures cinquante, l’air bougon du marchand de journaux, ou deux minutes.

 

Attends deux minutes.

 

J’en ai pour deux minutes.

 

La train arrive dans deux minutes.

 

Deux minutes, ce n’est pas beaucoup ou c’est beaucoup ?

 

Nos constantes quotidiennes sont comme des empreintes particulières dans l’espace et dans le temps. Plus ou moins fondamentales et plus ou moins utiles pour la vie sur les terres émerges.

 

 

Ito Naga / NGC 224 (extrait)