LES CHEMINS GRISONNANTS
Par domcorrieras, le mardi 18 juillet 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Dans ma mémoire à quatre voies
J’ai mis un air venu du sang de la prestance
Du temps moulu
Des espérances mal mesurées
Le regard d’une fille à l’âme écartelée
J’ai mis l’enfance inavouée d’un vieux ruisseau
de rires
Un vieux ruisseau qui s’amusait à peaufiner
les berges pour mieux se souvenir…
Je suis disait-il le serviteur un peu rompu
des chemins grisonnants
La pensée sans jeté-battu des combes gouleyantes
Je suis le parvis des nonchalants farceurs
Peut-être aussi la dernière courbe qui ne se
redressera que dans la négation des sages
Restera sans ambages le refus de tous les
purgatoires
L’insoumission aux canonnantes voix
A la loi des gradés bordés de froufroutantes
barbelures
Je suis l’obsédant libertin du soleil des plain-chants
Des nuits où la vertu crie grâce et les amours encore
Les hanches et les épaules tournées vers des
secrets d’amphores
D’un miroir d’aube où les couples liés
forment comme des cathédrales
Je suis le pieu rablé qui délivre du mal
Le retentissant fanal des orages qui plient
Le plus vieil incendie sans pavois
Je suis l’émoi qui rebondit de noces en semailles
De tailles cambrées en visage de lys
Je suis l’entaille qui fait office de bordel
Une apocalypse de baume et de tendresse
L’encorneur des menaces d’enfer et de leurs
hautes messes
Je suis le cristal bleu qui s’ouvre tous les soirs
sur l’amitié sans port
Sans crosses et sans fortin
Je suis l’éternité des miens
La rose de tous les sorts où l’habitude
redevient une flamme
Le lama mordoré du centre des Bermudes
Un chantre verdoyant qui tord le cou des H.L.M.
Je suis l’arbre qu’on aime comme on empoigne
la vie
Le fils d’un coquelicot lesbien et d’un bleuet pas net
Le plus beau ramassis de pudeurs éclatées
Je suis le gouvernail danseur qui mène de la
peur aux grandeurscaressantes
L’infatigable parricide des modes religieuses
De leur condescendance outrée
De la guerre
L’étable où pourrait naître Jésus ou l’un de
ses frères que l’on avoue jamais
Je suis le premier jet de la musique et
de ses acolytes
Le peintre des enfants mal nourris
Indéfinis
Le sculpteur de la prière des roues
et du premier faux pas
Ce poète un peu fou que l’on ne résoud pas
Je suis la mort qui bat
La mort d’Ailleurs
De tous les corrompus
De tous ces dieux faiseurs que je n’ai pas voulu….
Demain si vous le désirez amis
J’emmembrerai du pire l’engeance de vos rizières
Pénétrerai au mieux le berceau de vos champs
Je chanterai humains vous m’entendez
Vous entendez mes frères
Je chanterai
Puis j’irai naviguer dans l’or de vos coraux
Le liant d’un grand chœur ou le bombé d’un mot
Un seul qui finirait sans heurts dans la nuance
d’un merveilleux rameau.
Alphonse Pensa / Les cathédrales en flammes