« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Encore une nuit


 

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Quand tout se refusait

à lui que l’isolement narguait

et l’hostilité de ces soleils noirs

qui moisissaient dans les relents de leur histoire

lui salissait la face

il regardait devant

Sur l’horizon un voilier coupait la lumière Le vent

transportait des fragrances de retour Seul contre

tous il persistait dans sa torpeur son accablement

et le silence ourdissait sa revanche Bientôt

du marasme surgiraient les dragons de la gloire

& le pauvre matamore aux lèvres myrtille

accroché comme un gland à son méprisant

palétuvier se redressera et soufflera

son chant triste sur le reste du monde Celui-

ci n’entendra rien comme d’habitude le gris

du quotidien lui tendra les bras Alors

le petit marin aux cheveux longs & à la

chemise blanche brandira son glaive il

brandira sa plume écorchant

la langue des bourgeois de Paris

qui de leurs deniers le gratifieront oui

le petit borgne à l’œil sombre pétillant

deviendra grand — Géant & joyeux un colibri

vient de se poser sur les rebords

de l’inspiration et la s’achève

demain.

 

 

Fort-de-France, le 8 décembre 2006

Olivier Larizza / L’exil