« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA HANTISE


 

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    Les cheveux des blondes contiennent du poison. Je n’ai plus mon âme, je n’ sens plus ma vie, d’ puis que j’ t’ai baisée tout autour du front, un jour qu’ sur la grève t’étais endormie.

 

    L’odeur orageuse qui m’a-z-affolé, quand j’humais tes ch’veux, me poursuit dans l’ vent. Je m’ traîne dans les flaques, j’ glisse sous les rochers, j’ fourre ma tête dans l’ sable pour n’ plus respirer.

 

    Mais y a rien à faire. Jusqu’au fond des sables, c’est l’odeur de blonde qui m’a-z-affolé! Ce n’est plus la mer qui a son odeur, jusqu’au fond des flots c’est tes ch’veux mouillés!

 

    Hier, le soleil a mis sa colonne au milieu d’ la mer; moi, sur la falaise, dans la transparence je t’ai vue, Simone, nager dans l’eau d’or sous tes ch’veux dorés.

 

    Tout l’ brillant des flots, tout l’ brillant des grèves, tout c’ qui brille dans l’air, tout l’or des orages, c’est toi qui traverses, tes ch’veux en cortège, les sables, les flots, l’air et les nuages!

 

 

L’Amour marin.

Paul Fort / Madrigaux et romances