« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Comme un oiseau désemparé (Rap)


 

 

 

 

 

 

J’ai vu le jour couru la nuit casquette au crâne et cheveux ras

la clope au bec

Comme un oiseau désespéré

J’ai r’pris mon souffle

Avec un air désemparé

et j’ai marché et j’ai volé derrière le pont des fusillés

 

Tu sais Nancy, c’est la Lorraine

C’est le 5 4, c’est le 5 7 et les cités industrielles

 

Je vis pour elles

Pour la noirceur de mes rue grises

Et pour la pluie et pour pour la pluie quand je me tise

 

À croire que moi, tu vois, j’ai perdu ma jeunesse

Plus rien m’excite, même pas, les jeans aux jolies fesses

Les belles filles, le soir, ont un goût bien amer,

Et je me noie, l’espoir, a plongé dans la mer

 

Je suis un vieux marin à terre qui recherche la lune,

Au lieu de cela je perds mon temps avec ma plume

 

La dépression m’a prise au cou comme un couteau sous la gorge

Mais le couteau c’est moi c’est c’est c’est moi le couteau

 

J’ai r’pris la route, j’ai recherché d’autres chemins

Dans d’autres vers, j’ai voulu cracher mon venin

Car c’est comme ça, un joli spleen, ça se déverse,

ça se boit, ça se brûle, et on en fait de belles averses

Tristesse tristesse, bonjour tristesse,

Françoise Sagan le disait bien, la mort c’est toujours la fin

 

Moi le matin j’me réveille j’pense à rien

Y a qu’mes pulsions qui me murmurent que ça vaut rien

Y a qu’mes médocs qui me disent qu’ça sert à rien

Et y a l’amour qui m’dit que j’trouvrai rien

 

Moi j’fais qu’ça fils de pute

J’traîne, les librairies noires

Les deux mains dans mon fut

Et le soir quand il est tard

À vrai dire je crois bien qu’j’ai perdu mon chemin

Et mourir me dit bien quand elles dorment entre mes seins

 

Pas une ne me comprend

C’est la guerre c’est trop dur c’est trop grand

 

Et j’ai roulé et j’ai marché vers des allées bien prohibées

j’ai vu des anges ensanglantés et des tableaux de Michel-Ange

Dans les délires d’archanges,

Le pet’ entre les phalanges

Crois-moi j’ai même pas vingt piges

Mais je porte des vestiges

 

Moi j’fais qu’ça fils de pute

J’traîne, dans mon désespoir,

Les idées bien trop belles

Et bien pleines de fiel

À part ça, j’ai rien dit,

Je me tais, et j’écris,

Des poèmes maudits

Qui parlent de ma folie

 

La dépression m’a prise au cou comme un couteau sous la gorge,

mais le couteau c’est moi c’est c’est c’est moi le couteau

Nahida Bessadi / REVU la revue - N° 3