« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

JUST LIKE A WOMAN


 

 

 

 

D’une aube à l’autre

elle traverse la démesure —

jeteuse de charmes

 

 

Ouvreuse de sirènes

au fond des âmes —

elle s’irise et s’émerveille

 

 

Elle a changé de peau —

l’odeur des fleurs

circule dans son sang

 

 

Sans recul ni abandon —

un seul souffle

d’année-lumière

 

 

Elle aspire la vie

dans toute sa densité —

incomparablement

 

 

Son visage est une vibration

son corps est une vibration —

elle fait nuit

 

 

Elle fait à la fois

jour et nuit —

jusqu’au bout du possible

 

 

Elle ouvre toutes les frontières —

elle est le plaisir

elle entre en crépuscule

 

 

Coureuse d’autres versants —

elle écoute

son précieux déluge

 

 

Tête baissée

humant la musique —

avec l’énergie de la blessure

 

 

Elle est la poésie —

le lieu où l’esprit

fusionne avec l’espace

 

 

Elle s’interroge —

peut-on toucher vraiment

le cœur de la voix

 

 

Elle danse —

jusqu’à ce point doré du temps

où tout s’éclaire

 

 

Elle —

celle qui garde la vie

au cœur de la survie

 

 

Elle —

celle qui garde le chant

au cœur du désenchantement

 

 

Elle —

douleur douceur

boussole de tendresse

 

 

Sœur des Voies lactées —

elle se pelotonne

dans l’immensité

 

 

Désobéissante —

à l’affût

de toutes les résonnances

 

 

Danseuse de corde —

elle n’endort pas

son inquiétude

 

 

Libération d’étincelles —

contre

tous les broyeurs de noir

 

 

En elle

tout est opiacé —

jusqu’à son élégance

 

 

L’insolence —

en ses fastes

de miroirs liquides

 

 

En ondes

de chatoiements —

sève de paradis

 

 

En plein jour —

elle se laisse visiter

par les dieux

 

 

Qu’est-ce qui chante

sous sa peau —

la fugue des infinis

Zéno Bianu / Exercices d’aimantation