« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE PRÉ D’AMOUR


 

 

 

 

Lorsque Gros-Jean se maria,

Londerira,

Avec la coquette Toinette,

En dot son père lui donna

Un pré tout blanc de pâquerettes.

 

Or, la Toinette le trompa,

Londerira,

Un beau soir sous les talles d’aunes

Et, par le pré, soudain leva

Un carré de boutons d’or jaunes.

 

Quand Gros-Jean s’aperçut de ça,

Londerira,

Tua le galant et l’amante

Et, par tout le pré, ce jour-là

Fleurirent des roses sanglantes.

 

Maintenant oublis et frimas,

Londerira,

Ont fané les fleurs illusoires

Et, dans le pré, sur le verglas,

Rampent de grandes ronces noires.

Gaston Couté / La chanson d’un gâs qu’a mal tourné