« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Hiver

 

 

I

 

… Hiver — Silencieusement je fuis les cités maudites, la misérable misère, je traverse ce pays à pieds, seul…

 

Je crois marcher vers le printemps, vers le Printemps de l’Être ! Je passe quelques semaines dans un refuge de montagne, au Sud de ma mémoire…

 

Je cherche une forme terrestre à l’errance intérieure, une danse cosmique, un corps de diamant. Quitter la terre ancienne, loin… Échapper au marasme de l’existence & de l’Époque.

 

Retrouver ses origines, des racines : fouiller le chaos, rencontrer un territoire, réintéger le Grand-Mouvement, la respiration commune.

 

Écrire quelques ″notes″ en passant. Traces mentales sur la géographie de la pensée.

 

… Je m’enfoncerai, plus tard, dans la nuit d’une ville autre, de l’autre côté de la frontière…

 

Tu as joué ta vie aux dés, derrière la gare… Puis tu es parti, dans la nuit bleutée, nuit de peste blanche, dans la sauvagerie du monde, sous un manteau de pluie et de rage.

 

Lampes à iode sur les aiguillages —

Mystérieux : les lumières de la nuit comme des

appels Apaches —

Le vent dans le hasard et des litanies —

Douceur de l’air — In Riv Europ : les wagons à 

bestiaux —

Telex dans le temps mythique —

Rappelle-toi qu’Ulysse & Télémaque n’ont

jamais pu résoudre une énigme —

Des messages sont transmis —

Chansons de buffet de gare — Seul —

les caténaires allument la foudre —

Flash bleu & Éclair médiéval — Chevalier dans

les pendules —

 

La mort dérive sur le quai.

Devenir un Guerrier…

 

Ciel sombre, ombre violette : je m’avance vers la

montagne. Marcher maintenant !

.../...

Didier Manyach / Remontés des fonds (extrait)