Le souvenir
Par domcorrieras, le mardi 28 mars 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Par un froid printemps ou un hiver vif
je me promenais ou bien j’étais statique
par habitude et comme tout change si vite
je m’en souviens ou bien j’invente un peu
Nous avions beaucoup bu, tout était clair
et j’étais soucieux, pourtant téméraire
parce qu’il faisait chaud, frais le soir
mais j’étais sobre et sans lunettes - aveugle !
J’ai tout entendu alors ! Épatant !
Et si j’en dis plus, si vous étiez là…mais
vous en sauriez plus…vous étiez absent.
Ma mémoire s’affine, s’annule jour pour jour
comme si d’un rêve était né mon réel
c’était un bel été, nous avions très soif.
En pensant au pire, je me gratte le peu que j’ai :
c’est bien ma veine d’y penser ! La rumeur
chante, une mésange épicée, un bœuf émincé
qui sautille alerte et léger, gai farceur !
Je vois mon reflet, m’interroge jusqu’au bout :
« Qu’ai-je fait ? Pourquoi n’y a-t-il de réponses ? »
Je souris, et c’est là, je découvre, c’est près
Un point noir, je suis pris dans des ronces.
Sitôt dit sitôt fait, j’agis, je me résigne
Une bonne fois pour toutes. J’interroge cette inflexible
Humeur - je la sens - j’esquive, je sens la cible.
Et la mésange pioupioute dans la cime des arbres frelatés,
Et le bœuf se parfume de saté, de safran,
Mon vent long rebondit contre la doublure des signes.
Xavier Frandon / L’adieu au loing (Éditions Le Citron Gare)