« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

UNE MAIN QUI RÉPAND LE BEAU TEMPS


 

 

 

 

Une main qui répand le beau temps, blanc.

Elle veille,

tranche et ordonne, s’éloigne et se rapproche,

se durcit

et s’attendrit. Une main qui, d’un signe,

brise l’azur

et fait danser des chevaux sur le nahawand.

Une main

qui devient hautaine, qui déblatère

quand tarit la conversation.

Une main qui verse l’éclair dans la tasse de thé,

qui trait les mamelles des nuées, attire le ney,

‟Tu es mon écho”.

Une main qui se souvient de ce qui adviendra

sous peu.

Une main qui scintille dans cinq étoiles… Prive

la nuit de son droit à s’assoupir. Une main

qui presse les mots et ils suintent d’eau. Une main

qui parle de la migration des oiseaux d’elle

et vers elle.

Une main qui remonte le moral dans les mots,

qui ordonne à l’armée de passer la nuit

dans les casernes.

Une main qui excite les vagues dans mon corps.

Sa main, murmure qui frôle l’apogée :

Prends-moi… Ici maintenant… Prends-moi !

Mahmoud Darwich / Comme des fleurs d’amandier ou plus loin