XIX - CES JOURS DE DANSE ONT FUI
Par domcorrieras, le lundi 20 février 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Viens, laisse-moi chanter à ton oreille;
Ces jours de danse ont fui,
Tous ces vêtements de satin et de soie;
Accroupis-toi sur une pierre,
Ton corps crasseux enveloppé
De guenilles non moins crasseuses :
Je porte le soleil dans une tasse d‘or
Et la lune dans un sac d’argent.
Tu peux bien me maudire, je chanterai quand-même:
Qu’importe si le coquin
Qui savait le mieux te plaire
Et les enfants qu’il te donna
Dorment quelque part comme des loirs
Sous une dalle de marbre ?
Je porte le soleil dans une tasse d‘or
Et la lune dans un sac d’argent.
Aujourd’hui précisément
À midi juste j’ai pensé
Qu’un homme qui s’appuie sur une canne
Peut laisser de côté toute vanité,
Chanter et chanter jusqu’à tomber,
Pour une jolie fille aussi bien que pour une mégère;
Je porte le soleil dans une tasse d‘or
Et la lune dans un sac d’argent.
William Butler Yeats / L’escalier en spirale et autres poèmes
traduit de l’anglais par Jean-Yves Masson