« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MÉTAUX REFROIDIS


 

 

 

 

Touriste des crépuscules

Dans tes parcs

Le filon de foudre

Se perd sous terre

Or nocturne

 

Habitant des espaces nubiles de l’amour

Le vert-de-gris des bêches va fleurir

 

Libérateur du cercle

Justicier des courants inhumains

Après le silex le gypse

La tête lointaine nébuleuse

Minuscule dans sa matrice glacée

Cette tête ne vaut pas

Le bras de fer qui la défriche

La pierre qui la fracasse

Le marécage qui l’enlise

Le lac qui la noie

La cartouche de dynamite qui la pulvérise

Cette tête ne vaut pas

La paille qui la mange

Le crime qui l’honore

Le monument qui la souille

Le délire qui la dénonce

Le scandale qui la rappelle

Le pont qui la traverse

La mémoire qui la rejette

 

Introuvable sommeil

Arbre couché sur ma poitrine

Pour détourner les sources rouges

Devrai-je te suivre longtemps

Dans ta croissance éternelle ?

René Char / Poèmes militants (1932)