Nudité de la blessure
Par domcorrieras, le lundi 13 février 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
certains dimanches d’hiver, la pluie tombe
d’un coup avec la nuit sur la vitre
et tout ce que je ne sais pas cogne
par exemple écrire un poème un seul
capable de tenir le monde plus haut
dans la splendeur
alors j’ouvre la fenêtre pas celle devant moi
mais plutôt l’autre invisible qui donne
sur un jardin de velours noir
et tout ce que je ne sais pas fraîchit
me saisit à la gorge danse comme une femme
venue offrir ses seins à mes lèvres avides
puis je rêve de prendre Dieu sur mes genoux
de lui parler comme un enfant
et qu’enfin il m’avoue ses faiblesses
ses disparitions
et qu’enfin il me parle
du néant, de ce qui jamais en moi ne cède
et qu’il se laisse aller aux confidences
je rêve d’entendre Dieu me dire pourquoi
la lumière est si forte au-dedans
et pourquoi je pourrais marcher sur le monde
les yeux fermés
de me montrer aussi
ce qu’est l’âme
que je puisse jouer avec elle
comme avec une balle
j’éteins tout cela à coup de cigarettes
je le brouille, je l’enfume
gavant ma bouche de saveurs
qui ne m’emplissent jamais
je grossis, je maigris
je cours, je marche en tous sens
certains jours je suis vivant
je voudrais tuer la lumière, parler ru
comme, autour de moi, les gens que je vénère
et dont la vérité est aussi forte que la sève
nouée des arbres
Dominique Sampiero / Sainte horreur du poème