« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je parle avec la patience…


 

 

 

 

 

Je parle avec la patience de l’arbre qui monte

Devant la fenêtre aussi âgée que lui

Dont les volets sont rongés par la pluie et le vent

Qui la pousse sans cesse vers le large

 

Avec l’eau d’Hélène et les mots

Perdus dans les dictionnaires de l’Atlantide

Moi d’un côté — et de l’autre la Terre

Le côté de la destruction et de la mort.

 

L’arbre qui me connaît dit « tiens bon »

Il amasse les nuages et leur tient compagnie

Comme moi à la page blanche et au crayon

Les nuits qui jamais ne regardent leur montre

 

Que signifie « il ne faut pas », « il ne convient pas ».

Moi j’ai connu des vierges et j’ai ouvert

Leur coquillage duveteux pour y trouver

La part de la destruction et de la mort.

 

 

 

Le Petit Navigateur, 1985

Odysseas Elytis / Le soleil sait - Une anthologie vagabonde (Cheyne)
traduit du grec par Angélique Ionatos