« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PAUVRE


 

 

 

    C’est le mystère de l’air pur, celui du blé. C’est le mystère de l’orage, celui du pauvre. Dans les pauvres maisons, on aime le silence. On aime aussi le silence. Mais les enfants crient, les femmes pleurent, les hommes crient, la musique est horrible. On voudrait faire la moisson et l’on fait honte aux étoiles. Quel désordre noir, quelle pourriture, quel désastre ! Jetons ces langues au ruisseau, jetons nos femmes à la rue, jetons notre pain aux ordures, jetons-nous au feu ! Jetons-nous au feu !

Paul Éluard / Donner à voir / Juste milieu (extrait) - 1939