« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

BALLADE DE LA BELLE HEAULMIÈRE AUX FILLES DE JOIE


 

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Or y pensez, belle Gantière

Qui m’escoliers souliez estre,

Et vous, Blanche la Savetière,

Or est-il temps de vous congnoistre,

N’espargnez hommes, je vous prie :

Car vielles n’ont ne cours ne estre,

Ne que monnoye qu’on descrie.

 

« Et vous, la gente Saulcicière

Qui de dancier estes adestre,

Guillemete la Tappicière,

Ne mesprenez vers vostre maistre,

Tost vous fauldra clorre fenestre

Quant deviendrez vielle, flestrie,

Plus ne servirez qu’ung viel prestre,

Ne que monnoye qu’on descrie.

 

« Jehanneton la Chaperonnière,

Gardez qu’amy ne vous empestre,

Et Katherine la Bourcière,

N’envoyez plus les hommes paistre :

Car qui belle n’est, ne perpetre

Leur mais grace, mais leur rie.

Laide viellesse amour n’empestre,

Ne que monnoye qu’on descrie.

 

« Filles, vueillez vous entremettre

D’escouter pourquoy pleure et crie :

Pour ce que je ne me puis mettre,

Ne que monnoye qu’on descrie.

François Villon.