« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sonnets pour Hélène - VIII


 

 

 

 

Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,

Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours :

J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,

Qui croitront à l’envi de l’écorce nouvelle.

 

Faunes qui habitez ma terre paternelle,

Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,

Favorisez la plante et lui donnez secours,

Que l’Eté ne la brûle, et l’Hiver ne la gèle.

 

Pasteur qui conduiras en ce lieu ton troupeau,

Flageolant une Eglogue en ton tuyau d’aveine1,

Attache tous les ans à cet arbre un tableau

 

Qui témoigne aux passants mes amours et ma peine ;

Puis l’arrosant de lait et du sang d’un agneau,

Dis : « Ce pin est sacré, c’est la plante d’Hélène. »

 

 

 

…………….

1. Avoine

Pierre de Ronsard.