« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Áron Jószef m’engendra


 

 

 

 

 

Áron József m’engendra,

lui, le savonnier, qui maintenant

sur le Grand Océan

fauche les herbes parfumées.

 

Borcsa Pőcze m’enfanta,

et fut rongée par le mal,

brosses à mille-pattes,

lui ont récuré le ventre.

 

J’ai aimé Luca,

mais Luca ne m’a pas aimé.

J’ai pour tout meuble des ombres 

et comme ami, personne.

 

Mon mal ne s’aggravera pas,

c’est en mon âme qu’il se tient —

et pour toujours je vivrai

idiot et abandonné.

 

 

 

 

 

Début 1928

Attila József / Le Mendiant de la beauté
traduit du hongrois par Francis Combes, Cécile A. Holdban, Georges Kassai.
Illustration : Attila Joszef, par Vince Korda. Paris, 1927. Musée littéraire Petofi, Budapest.