je n’ai pas fini de rire comme autrefois
Par domcorrieras, le samedi 8 octobre 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
je n’ai pas fini de rire comme autrefoi
ni d’écrire en rêve aux belles endormies
non je n’ai pas fini mais la maison s’éloigne
seule et vide emportée par les bras du vent
la maison tout enclose en son décor de bois
rustique avec ses tables sombres et lumineuses
et l’éclat des bols peints qui charment les enfants
le parfum des myrtilles et du sapin de Gueldre
la bruyère penchée le sable du jardin
le mauve et l’ocre clair que confondaient les soirs
lorsque je m’échappais afin de retrouver
la traîtresse Mara des nuits onder de toren
où luisaient des yeux verts et des ongles carmin
et les filles chantaient des airs de Sumatra
pour les marins gavés de vieux genièvre
Mara veux-tu danser dans la maison s’est perdue
au-delà de la dune avec des marins ivres
et je n’ai pas fini de m’égarer la lande
d’hiver où le vent grondant tord
les bouleaux et les pins n’a pas de souvenir
le sable glisse vers le halo sourd des lunes
la maison volée nul n’attend qu’elle surgisse
avec son toit de chaume et ses lampes fidèles
sinon celui qu’un jour je fus ici, vivant
Jean-Claude Pirotte / Passage de ombres / la fable des ombres (extrait)
Illustration : Jean-Claude Pirotte, photo Louis Monier