« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

DEVANT LE VIN


 

 

 

 

Ami, croyez-moi, n’écartez pas cette coupe !

    Le vent printanier arrive tout souriant.

Pêchers et pruniers, telles de vieilles connaissances,

    Inclinent leurs fleurs et vers nous les entrouvrent.

Les gais loriots chantent dans les arbres verts ;

    La lune brillante observe nos coupes d’or.

Nous étions hier des jeunes gens au teint rose ;

    Voici qu’aujourd’hui les cheveux blancs nous vieillissent.

La ronce envahit le palais du roi de Tchan ;

    Les cerfs vont paissant la terrasse de Kou-sou.

Dans ces vieux palais des empereurs et des princes,

    Les portes à étages n’enferment plus que poussière !

Pourquoi refuser de boire cette liqueur ?

    Où sont maintenant les hommes du temps passé ?

Li Po (701-762) / Anthologie de la poésie chinoise classique