« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Tu sais qu’il n’y a pas de pardon…


 





Tu sais qu’il n’y a pas de pardon,

c’est en vain que tu te tourmentes.

Sois ce que tu dois être : un homme.

L’herbe repoussera après toi.

 

La faute n’en sera pas moins lourde,

c’est en vain que tes larmes coulent.

Tu en es la preuve vivante,

pour ça, tu peux dire merci.

 

N’accuse pas et ne jure point,

envers toi ne sois pas mauvais,

ne domine pas ni ne te soumets,

ne te joins pas à la horde.

 

Reste au-dessus de tout cela,

ne guette pas les confidences.

Et puisque tu es un homme,

ne méprise pas cette humanité.

 

Souviens-toi de tous tes râles,

de tes supplications pour rien

Tu es devenu le faux témoin

de ton propre vrai procès.

 

À terre, tu appelas un père,

un homme, s’il n’est pas de dieu.

Mais tu n’as trouvé que des gosses perdus

dans la psychanalyse.

 

Tu as cru aux paroles faciles,

à des protecteurs corrompus,

et vois : jamais personne

n’a dit que tu étais bon.

 

Ils t’ont trompé, c’est ainsi qu’ils t’aimaient,

tu as trompé : tu ne peux plus aimer.

À présent, tu dois serrer

une arme chargée sur ton cœur vide.

 

Ou bien, oublie tous tes principes,

espère encore l’amour fidèle,

puisque tel un chien tu croirais

en qui t’accorde sa confiance.

Attila József / Le Mendiant de la beauté
traduit du hongrois par Francis Combes, Cécile A. Holdban, Georges Kassai.