« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA VERTU ET LA GRÂCE - CLXXV


 




Questa Fenice, de l’aurata piuma

Al suo bel collo, candido, gentile,

Forma, senz’arte, un sì caro monile,

Ch’ogni cor addolcise, e’l mio consuma :

 

Forma un diadema natural ch’alluma

L’aere d’intorno ; e’l tacito focile

D’Amor tragge indi un liquido sottile

Foco che m’arde a la più algente bruma

 

Purpuera vesta, d’un ceruelo lembo

Sparso di rose i belli omeri vela ;

Novo abito, e belleza unica e sola.

 

Fama ne l’odorate e ricco grembo

D’Arabi monti lei ripone e cela,

Che per lo nostro ciel si altera vola.

 

 

……………………………………………..

 

 

Elle est Phenix, dont le plumage d’or

Autour de la candeur noble de son beau cou

Forme sans artifice un si précieux collier

Qu’il éblouit les cœurs — et ravage le mien.

 

La coiffe un naturel diadème allumant

L’espace autour d’elle et dont le silencieux

Briquet d’amour tire un fluide feu subtil

Qui alors même que m’étreint le froid me brûle.

 

La pourpre qui la pare, aux bords céruléens,

Sous un semis de roses dérobe ses membres

Merveille incomparable en des atours si rares :

 

La fable nous confie qu’elle se cache et vit

Au sein fécond des monts odorants d’Arabie,

Mais c’est dans notre ciel qu’en altesse elle passe.

François Pétrarque / La vertu et la grâce
traduit de l’italien par André Ughetto et Christian Guilleau.