Bagage de souvenirs
Par domcorrieras, le lundi 11 juillet 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
(Pour Roland)
J’ai senti frémir mon corsage
J’ai senti mon cœur frissonner
J’ai crié dans ta bouche
au goût marron
— châtaigne du terroir —
J’ai fermé les yeux et j’ai senti
la vibration tiède du désir
— senteur de vieux bois —
Tu m’as offert des boucles d’oreille
petit morceau d’argent
dessin minuscule
symbole.
Tu m’as offert un instrument
portatif
guimbarde
Je l’ai rangée dans mon sac.
J’ai dressé une carte sur les lignes de la main.
J’ai suivi la piste à la recherche du trésor.
J’ai trouvé un oiseau en forme de miroir,
j’ai regardé dedans
je n’ai vu ni or ni argent,
rien que des cœurs en boîtes,
des tables gigognes,
d’immenses pâtés de maisons !
J’ai regardé le ciel et j’ai vu des colombes bleues.
Était-ce mai, était-ce juin ?
Je me suis assise sur le talus à rêver.
Je t’ai vu assis, beau, sur un tas de nuages.
Illusion,
tout n’était qu’oripeaux.
Toi assis sur un tas de nuages, tes doigts chantant,
tes yeux faisant la navette,
le temps qui manquait pour parvenir à moi.
Y parviendrais-je ?
— J’y suis allée, mais tu n’y étais déjà plus.
Je me suis senti vieille et pleine de rides.
Mais ce qui compte, c’est la vie que l’œil emporte
Bagage de souvenirs ?
La mémoire enveloppée dans du papier cadeau.
Les angoisses, les souffrances
laissées dans un coin d’armoire.
L’amour, les bonnes choses,
portées dans une petite valise.
Prête pour le voyage !
Adieu ! À bientôt !
Leila Carvalho
Leila Carvalho / in De Malas e Bagagens
Publié en français (traduction du portugais/brésilen par Pedro Vianna et Denise Peyroche)
dans la revue Convergences N°3 - éditions Baz’Art Poétique :