« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Enfants avec leurs bateaux


 

 

 

 

Enfants avec leurs bateaux dans le grand bassin.

L’après-midi est velouté.

Les parterres de fleurs.

Bégonias nains.

Œillets d’Inde.

Marguerites.

Taches de lavande.

Petites fleurs bleues dont le nom échappe.

Massifs de giroflées vieil or.

L’herbe rase d’un jeune vert.

Les enfants crient.

Des mères les surveillent.

Sur une chaise de fer une jeune femme aux longs 

    cheveux blonds.

Les jambes nues sonr effilées.

Cuisses à la lisse rondeur.

La peau un peu dorée.

L’écartement entre les cuisses laisse apercevoir

    cette bouleversante poche d’ombre.

Yeux bleus.

Bleu d’écaille.

Le nez droit.

Les lèvres gonflées.

Roses.

Elle feuillette un magazine.

La poitrine est effacée dans la souplesse d’un

    corsage blanc à manches courtes.

Doigts minces.

Ongles vernis.

La finesse des cheveux.

Cette masse blonde pour caresser le sexe.

Si la cuisse se referme un peu la poche d’ombre

    s’amenuise.

Un léger mouvement et ce serait la griffure

    blanche de la culotte.

Des enfants se battent.

Louis Calaferte / Le Monologue (extrait)