« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Un rondeau d’amour


 

 

 

 

Vostre œil, se fort harbalestrier,

Quand vous estiés devant yer

Embuchée en une fenestre,

Me blessa au cousté senestre,

Dont j’ay de grace bien mestier.

 

Il emporta mon cueur entier,

Sans m’en lesser ung seul quartier ;

Aincy m’eist Dieulx que c’est ung maistre,

Vostre œil (se fort arbalestrier).

 

Qui de luy se vouldra gaitier,

Lesser luy fault tout le sentier,

Et s’en fuir hors de son estre.

Helas ! je le doy bien congnoistre,

Il m’a joué de son mestier,

Vostre œil (se fort arbalestrier).

Anthoine de Guise / Rondeaux et autres poésies du XVe siècle par Gaston Raynaud
(Firmin Didot, Société des Anciens textes français, 1889, Paris)