Il existe des femmes et des hommes

Qui n'ont jamais vu une chaise de leur vie

Ils ne savent même pas s'asseoir

Toute leur vie, on les installe avec précaution

Sur des sièges visiblement numérotés

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la chaise de la prostituée n'a rien d'ordinaire

C'est un tiroir-caisse hospitalier

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Toutes les chaises mènent à la table

Sauf une :

Celle du pécheur

Vous n’imaginez pas la joie de la chaise

Lorsque le suicidé se rate

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La chaise royale est tranquille :

Son caïd est complice du chef

A savoir l’amant du commissaire de police

Lui-même ami du juge cousin de l’avocat !

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Cela se passe chez les arabes :

« Tu es de quelle nationalité ? »

Demande le gardien du parc au banc central

« Je suis saoudien comme toi mais né en Amérique »

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Le banc public descend de Job

Il attend l’hiver

Pour prendre sa douche

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Les musulmans dédaignent les chaises

Ils ont un faible

Pour les fauteuils du paradis

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Elle n’est pas si longue

La chaise longue

Dans le désert

*

La journée, il accueille tout les amoureux

Le soir, il dort seul dans le noir

Le banc public

*

Après des années de loyaux services 

Le fauteuil est remercié vulgairement

Par un vulgaire bipède appelé décorateur

*

Pourquoi tu divulgues mes secrets ?

M’a dit ma chaise de bureau

- Pour m’amuser, lui ai-je répondu

- Publie-moi donc si tu es un homme

Kader Rabia / Les Chaises (extraits)