« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sacrebidouille de bonne mère


 

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salut, Maître Dom

serai fin de semaine en Touraine et donc

pas à Woippy-la-Poésie pour écouter ton bel Invité,

bafouille ci-joint pour dignement te saluer : sois l'Artisan d'un bel été !

 

le claude,

 

 

tant de ténacité ! ça oui je t’admire ! tenir en longueur sonore et sans bâclure, une soirée où la Poésie marie les mots dans une langue amoureuse, et plus si affinité ! Offrir un dire pas forcément né pour réconforter, un dire au culot de gosse, à l’écoute de la vie, trovadores occitanos ! un dire franc oui, dans la plénitude de ses capacités, fontainier du rythme et loin, très, du disque à mille tours qui n’envisage la langue que docile et flasque, fric et sans autre fracas ! Danse à pleine voix, à pleines voiles, loin du discours qui bat froid et si mélodie se mêle au dire, nul besoin de faire la grosse Bertha ni blatérer comme vieilles chamelles sous les fesses de Lawrence d’Arabie ! Le coeur savoure, où qu’il soit. En poésie on est tout cousin et puis tout cousine. Woipp’ ici grand-Est : far-West sauvage, Lucky-Dom y dégaine poème plus vite que son ombre, saloon des tripes, un dernier verre pour la voix, servir le Texte en mal d’engrais, et hop la vie, elle danse ! à la fois ça ouvre les cieux, et fait baisser les yeux, comme les saisons ça court aux quatre sangs ! La Ville n’est belle que dessinée en lopins dodus de lignes douces, sa lingerie fine au lavoir de l’aube, une ville faite jardin à grand frais d’arbres, tout feuillus de poèmes, un Village occupé à partager la rue avec le rire, une échoppe d’oiseaux, des Affiches-poèmes, par les petits chemins forestiers sans bunkers, ni maladie de Lyme, et tout gros un tracteur tirant une presse à bras Gutenberg posée sur un plateau, le jour ne se levant qu’à la tombée du tract épatant : « Mobilisation Générale pour la Paix » distribué par les enfants comme l’almanach du facteur au seuil de chaque porte, j’ai-t’il bon courrier aujourd’hui ? et du pain sur les planches oh que oui, ce Théâtre d’homme : lisons-le ensemble ! Poésie, une manne qui sait y faire, tient carnet de sa richesse intime et selon certaines écoles du grand-vécu, l’émotion, qui ne s’apprend pas, voilà qu’elle s’est mise pleine de sève à mon insu, dit le bel instant buissonnier ! Hier on écoutait la santé d’une langue en prenant le pouls du porte-plume. Aujourd’hui par un clavier obéissant au doigt, à l’oeil, on essaie d’abord de pas trop lui gâcher la vie, à l’intuition ! Vive le plein-emploi d’un coeur en poésie, salut maître Dom ! et quand tout va joie, foutre ciel c’est deux mille et seize ans qui pèsent que dalle : l’instant seul écrit ! Ah, dissuader le Soleil de sa poudre d’escampette avec un poème à la main c’est l’exploit réussi chaque soir je parle du Soleil bien sûr que l’on porte en soi ! Mais laisse mes mains sur tes hanches, chante Adamo à sa Dulcinée-Poésie, et voilà des soubrettes somptueuses, troussées par l’inconnu ! des voyelles jeunettes laissées dans le coeur sauvage, sans surveillance, les mots d’une prosodie, les motets Vivaldi, entre belle voix ronde et la toute ébouriffée ! Tant de verres bus sans la verroterie d’esbroufe ! L’Art c’est beaucoup naitre à la relation, comme à sa propre verve intérieure ! J’appelle Soirée bonne celle qui a le bonheur de faire honneur à la Vie debout : jamais oublieuse du devoir de poésie, prompte à bouter l’ennui ! Incapable de se passer de nos services : rajouteront et ronds, le vif et l’émotion ! Ah, que vive la Passion quand elle rassemble les mots fertiles, la sève libertaire du crayon, oui la varlope du crayon bois pour dégauchir la boiture, et le rouet de Gandhi pour habiller de lucidité, et de lumière, soeur fantaisie ! Manque pas de crayon au bout du bras la Poésie, que c’est le bon outil pour purger le toit des Librairies, autrement dit pour en faire tomber le minerai de poèmes, les blocs de bonne prose, la matière-même du langage rendu vulnérable par les branleurs imbéciles. Poésie la voilà qu’elle sismographise, et fuse, qu’elle s’envoyelle à tire-Moselle, la voici toute merveilleuse à dire merde, avec un ‘’ lance-missive’’ et nulle autre arme que de bonne joie ! Des gens aiment encore, oui, le poème en la majeur, telle prose en ré mineur, pour forer et non plus la veine de charbon mais de bel allant, belle alliance oeuvrière, pour exploiter les gisements de la Beauté, ce minerai d’homme et dans toutes les veines, tendresse et dureté : jamais la peur au coeur, toujours l’oeil amusé ! 

 

 bonheur sur Toi,

Claude Billon / message du Facteur en retirance de Poste (21-06-2016)