« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les regrets - 120


 

 

 

 

 

Voici le carnaval, menons chacun la sienne,

Allons baller en masque, allons nous promener,

Allons voir Marc Antoine ou Zany bouffonner

Avec son Magnifique à la vénitienne :

 

Voyons courir le pal à la mode ancienne,

Et voyons par le nez le sot buffle mener :

Voyons le fier taureau d’armes environner,

Et voyons au combat l’adresse italienne :

 

Voyons bœufs parfumés un orage grêler,

Et la fusée ardent siffler menu par l’air.

Sus donc, dépêchons-nous, voici la pardonnance :

 

Il nous faudra demain visiter les saints lieux,

Là nous ferons l’amour, mais ce sera des yeux,

Car passer plus avant, c’est contre l’ordonnance.

Joachim du Bellay / Les regrets