« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AVANT LE NOM


 

 

 

 

Peu importe le mot, ce familier.

Je veux le splendide chaos d’où la syntaxe émerge,

les sites obscurs où naissent le de, le d’ailleurs,

le le, le mais, le que, cette incompréhensible

béquille qui me soutient.

Qui comprend le langage comprend Dieu

dont le Fils est Verbe. Meurt qui comprend.

Le mot est fard d’une chose plus grave, sourde et muette,

on l’inventa pour être tu.

Dans des moments de grâce, si absolument rares,

on pourra le saisir, poisson vif à main nue.

Pure surprise et terreur.  

Adélia Prado / 18 + 1 poètes contemporains de langue portugaise
Traductions d’Isabel Meyrelles, Annick Moreau & Michel Riaudel