COQUILLAGES
Par domcorrieras, le dimanche 10 avril 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Frayez-vous un passage
à travers le jade noir
des coquilles de moule aile-de-corbeau, l’une
ne cesse
de mettre en ordre les tas de cendres ;
s’ouvrant et se fermant comme
un
éventail endommagé.
Les bernacles qui incrustent le
côté
exposé à la vague ne peuvent se dissimuler
là car les rayons submergés du
soleil
se séparent comme du verre
filé, pénètrent avec la rapidité d’un pro-
jecteur
dans les fentes…
entrent, sortent, illuminant
la
mer turquoise
des corps. L’eau insère un
coin
de fer dans l’arête de fer
de la falaise, où les étoiles de mer,
roses
grains de riz, méduses
mouchetées d’encre, crabes tels
des lys
verts et des champignons
sous-marins, glissent l’un sur l’autre.
Toutes
les marques
extérieures de violence sont là sur
cet
édifice provocant…
tous les traits physiques de
l’ac-
cident, absence
de corniche, rayures de la dynamite, brûlures
et
coups de hachette, tout cela ressort
en relief là-dessus ; le côté du gouffre est
mort.
Maintes fois
la preuve a été faite qu’il peut
vivre
de ce qui ne peut faire revivre
sa jeunesse. La mer, au-dedans, y vieillit.
Marianne Moore. traduit de l'anglais (américain) par Maurice Le Breton.