« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA CHANSON FATALE

 

 

 

 

 

 

    La vie est courte, la mer est grande. Vois-tu, ma mie, on s’verra guère. J’suis pas un mat’lot à la manque. Y a des calmes plats sur la mer.

 

Faut les subir.

 

    La vie si courte, la mer si grande, ça t’fait peur, ah ! tu n’aimes que moi ! Si tu l’aimais un peu, la mer, tu dirais, va,

 

faut la subir.

 

    Il faudra bien subir la mort, comme ton amour pour moi, ma mie. La vie si courte, la mer si grande, vois-tu, ma mie,

 

faut les subir.

 

    Et la tempête, les calmes plats, et le retard et la distance, et le roc noir, la mer qui s’ouvre où mon bateau s’engloutira,

 

faut les subir.

 

    Et notre amour, et ton attente, et l’autre amour qui te viendra.

 

 

L’Amour marin.

Paul Fort / Ballades du beau hasard / Madrigaux et romances