Sonnets - XIII
Par domcorrieras, le mercredi 3 février 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Oh si j’estois en ce beau sein ravie
De celui là pour lequel vois mourant :
Si avec lui vivre le demeurant
De mes cours jours ne m’empeschoit envie :
Si m’acollant me disoit, chère Amie,
Contentons nous l’un de l’autre, s’asseurant
Que je tempeste, Euripe*, ne Courant
Ne nous pourra desjoindre en notre vie :
Si de mes bras le tenant acollé,
Comme du Lierre est l’arbre encercelé,
La mort venoit, de mon aise envieuse :
Lors que souef plus il me baiseroit,
Et mon esprit sur ses lèvres fuiroit**,
Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse.
…………………
* Euripe : bras de mer qui sépare l’Eubée de la Béotie et célèbre pour ses violents courants
** C’est l’idée de la mors osculi : l’âme de l’aimée s’exhale sur les lèvres de son amant dans un éternel baiser
Louise Labé / Sonnets
Illustration : Buste imaginaire de Louise Labé de Jean Carriès, fin 19ème siècle