« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les Heures claires - II

 

 

 

 

 

Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux

Ce jardin clair où nous passons silencieux,

C’est plus encor en nous que se féconde

Le plus candide et doux jardin du monde.

 

Car nous vivons toutes les fleurs,

Toutes les herbes, toutes les palmes

En nos rires et en nos pleurs

De bonheur pur et calme.

 

Car nous vivons toute la joie

Dardée en cris de fête et de printemps,

En nos aveux, où se côtoient

Les mots fervents et exaltants.

 

Oh ! dis, c’est bien en nous que se féconde

Le plus joyeux et doux jardin du monde.

Émile Verhaeren / Les Heures claires
Illustration : Portrait d'Émile Verhaeren par James Ensor (1890)