« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sans espoir

 

 

 

 

 

Lentement, pensivement

 

Enfin l’homme arrive au plateau

et consent à ce paysage

de tristesse, de sable et d’eau.

Sans espoir est sa tête sage.

 

À mon tour, je veux, m’allégeant,

tout regarder avec franchise,

l’éclair de la hache d’argent

dans le fin peuplier se brise.

 

Dessus la branche du néant,

mon cœur grêle tremble en silence,

et les doux astres le voyant,

les doux astres vers lui s’avancent.

 

Dans le ciel couleur de fer

 

Froid et laqué, un moteur vrille

dans le ciel couleur gris de fer.

Entre mes dents les mots scintillent,

constellations, silence clair !

 

Comme une pierre dans le vide

le passé  tombe en moi. Et bleu,

le temps s’enfuit muet, liquide.

Un glaive brille : mes cheveux.

 

Une chenille est ma moustache

sur ma bouche elle va rampant.

Mon cœur est dur, les mots se glacent

mais à qui confier mon tourment ?

Attila József
Traduit du hongrois par Kristina Rady