Test auditif
Par domcorrieras, le lundi 30 novembre 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Il y a cinq ans une nuit, je crois
que j’ai compris les confidences des étoiles,
je ressentais un bonheur, plus vif même
que lorsque je dois choisir un mot
entre joie et satisfaction.
Il y a quatre ans, j’ai compris
les avertissements de la rivière, c’était
peu après m’être remis de ma course matinale ;
je ressentais de la colère, justement comme
on doit parfois être déraisonnable devant les charges.
Il y a bien longtemps, j’ai pu comprendre
le langage de la plupart des oiseaux,
mais il ressemblait trop au résultat de mes efforts
pour surmonter les hallucinations
Il y a seulement trois ans que je comprends
le langage des pierres ; c’est le seul
langage à pouvoir s’enrichir dans le silence.
J’avoue que c’était la première fois
que j’avais honte d’être éclairé.
Il y a deux ans, j’ai soudain compris
le langage des plants de riz : ils
sympathisent plus que je ne l’imaginais
avec les idées auxquelles nous devons recourir.
Il y a dix mois, j’ai eu l’impression
de comprendre l’argot des arbres fruitiers,
je ressentais un plaisir encore jamais éprouvé
Il y a sept semaines, j’ai compris
les paroles des poissons, elles
étaient même plus denses que les mots doux des amants.
Il y a neuf jours, j’ai commencé à comprendre
les paroles que dit le chat ; malgré quelques ambiguïtés,
ces paroles exactes étaient : « Je suis le chat ».
Il y a six heures, j’ai compris
les choses dont tu parles. Je sais que
tu soupçonnes que mes oreilles s’interrogent ;
mais par courtoisie, tu annonces seulement la formule,
et affirme « boire du miel avant de se coucher
surpasse toutes les panacées ».
Octobre 2000
Zang Di / Inspirations chinoises
Poèmes Traduits du chinois par Isild Darras
Illustration : photo Jean-Paul Noret