« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CHANSONS MADÉCASSES - XII

 

 

 

 

Nahandove, ô belle Nahandove ! l’oiseau nocturne a commencé ses cris, la pleine lune brille sur ma tête, et la rosée naissante humecte mes cheveux. Voici l’heure : qui peut t’arrêter, Nahandove, ô belle Nahandove ? Le lit de feuilles est préparé ; je l’ai parsemé de fleurs et d’herbes odoriférantes, il est digne de tes charmes, Nahandove, ô belle Nahandove !

 

Elle vient. J’ai reconnu la respiration précipitée que donne une marche rapide ; j’entends le froissement de la pagne qui t’enveloppe : c’est elle, c’est Nahandove, la belle Nahandove !

 

Reprends haleine, ma jeune amie ; repose-toi sur mes genoux. que ton regard est enchanteur ! que le mouvement de ton sein est vif et délicieux sous la main qui le presse ! Tu souris, Nahandove, ô belle Nahandove !

 

Tes baisers pénètrent jusqu’à l’âme ; tes caresses brûlent tous mes sens : arrête, ou je vais mourir. Meurt-on de volupté, Nahandove, ô belle Nahandove ?

 

Le plaisir passe comme un éclair ; ta douce haleine s’affaiblit, tes yeux humides se referment, ta tête se penche mollement, et tes transports s’éteignent dans la langueur. Jamais tu ne fus si belle, Nahandove, ô belle Nahandove !

 

Que le sommeil est délicieux dans les bras d’une maîtresse ! moins délicieux pourtant que le réveil. Tu pars, et je vais languir dans les regrets et les désirs ; je languirai jusqu’au soir ; tu reviendras ce soir, Nahandove, ô belle Nahandove !

Évariste de Parny (1783-1814) / Chansons madécasses