« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le Rosaire

 

 





Au charbon, il a marqué mon côté gauche,

L’endroit où tirer

Pour lâcher l’oiseau — mon angoisse

Dans la nuit vide.

 

Mon aimé ! Elle ne tremblera pas, ta main,

Je n’aurai pas à patienter longtemps.

L’oiseau — mon angoisse — s’envolera

Et perché sur une branche, chantera.

 

Pour que cet homme, tranquille dans sa maison,

Ouvrant la fenêtre, se dise :

« Cette voix, je la connais, mais les paroles m’échappent »,— 

Et pour qu’il baisse les yeux.

Anna Akhmatova / Le Rosaire (extrait) / 31 janvier 1014. Pétersbourg