« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

(La seule ville pour vivre et mourir)

 

 



Où irons-nous vivre,

sur quelle terre nous oublierons 

notre peau,

sous quelle mousse germeront

nos dernières paroles ?

 

Là-bas se trouve ton sourire

et ta main vers la fleur,

mais si près l’autre abîme

dont nous avons quelquefois

rêvé.

 

Rien, cependant, ne peut

nous sortir de l’immobilité

de sang et de pierre.

 

Nous resterons ici jusqu’à la fin,

quand la terre avancera,

quand la mousse couvrira

avec patience,

la bouche,

la fleur,

les tristes mémoires. 

 

 

………………………………….


 

(La única ciudad para vivir y morir)

 

 

¿A dónde iremos a vivir,

en qué tierra olvidaremos

nuestra piel,

bajo qué musgo crecerán

nuestras últimas palabras?

 

Allá se encuentra tu sonrisa

y tu mano hacia la flor,

pero muy cerca el otro abismo

con el que alguna vez

hemos soñado.

 

Nada, sin embargo, puede

movernos de esta inmovilidad

de sangre y piedra.

 

Aquí estaremos hasta el final,

cuando la tierra avance,

cuando el musgo cubra

con paciencia,

la boca,

la flor,

las tristes memorias.

Alberto Carlos Vila Ortíz, dit Gary, poète argentin