« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SYM­PA­THIE

 

 





    Si je n’étais qu’un petit chien et non pas ton bébé, Maman ché­rie, et si je vou­lais man­ger dans ton assiette, me dirais-tu  : « Non » ?

    Est-ce tu me repous­se­rais en disant : « Va-t’en, vilain petit tou­tou » ?

    A­lors va-t’en, mère, va-t’en Plus jamais je ne vien­drai quand tu m’appel­les, plus jamais je ne te lais­se­rai me don­ner la nour­ri­ture.

 

    Si je n’étais qu’une petite per­ru­che verte et non pas ton bébé, Maman ché­rie, est-ce que tu me tien­drais enchaîné pour que je ne m’envole pas ?  :

    Est-ce que tu me mena­ce­rais du doigt en disant : « Le vilain oiseau ! l’ingrat ! Il ronge sa chaîne jour et nuit ! » 

    A­lors va-t’en, mère, va-t’en ! Je vais m’enfuir dans les bois. Plus jamais je ne te lais­se­rai me pren­dre dans tes bras.

 









 

Rabin­dra­nath Tagore / La Jeune lune