À contrecœur
Par domcorrieras, le samedi 15 août 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Errant par les champs et les bois,
Franchissant les murs, à ma guise,
Je suis monté aux belvédères
Voir le monde, et suis revenu ;
Je suis rentré par la grand-route,
Et ce fut tout.
Au sol, toutes les feuille sont mortes,
Sauf celles que garde le chêne
Pour les effranger une à une
Et les abandonner, rampantes
Et raclant la croûte de neige,
Quand d’autres dorment.
Elles gisent, pressées, inertes,
Le vent ne les fait plus valser ;
L’aster, demeuré seul, est mort.
Les fleurs du noisetier se fanent ;
Le cœur souffre et veut repartir,
Mais les pieds demandent : Où donc ?
Ah ! depuis quand le cœur de l’homme
Ne tient-il pas pour trahison
De dériver au fil des jours,
D’acquiescer à la raison,
De s’incliner devant la fin
D’un amour ou d’une saison ?
Robert Frost / Anthologie de la poésie américaine contemporaine par Maurice Le Breton