« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le petit garçon

 

 






 

    Le petit garçon avait fait ses premiers pas sur une dune de sable en tenant comme une rose son enfance à la main. Il savait déjà qu’il avait tout quitté, c’est la raison peut-être pour laquelle ses yeux rejoignaient la couleur de la mer. On eût pu croire que les mouettes et le vent lui feraient un cortège. Lui n’y prêtait guère attention, mais il comptait soigneusement les pas qui le rapprochaient du sommet de la dune, en veillant à ce que sa rose se tienne droite dans sa main. Il voulait se poster tout au bord de la vie pour s’émouvoir de la rencontrer mieux. Les heures passaient. C’était le matin, c’était midi, c’était le soir et le petit garçon n’atteignait toujours pas le sommet de la dune d’où l’on embrasse l’horizon.

Gabrielle Althen / « Concerto pour marées et silence » (revue de poésie) - N° 4 - 2011